ZEUGMA
Réflexions, hypothèses, dess(e)ins du Flou, outils & apories...
MODE D'EMPLOI: Ce blog présente des PROBLÉMATIQUES, qui traversent le champ de la PSYCHOLOGIE CLINIQUE appliquée à l'ÉPISTÉMOLOGIE, aux THÉRAPIES, à la DYNAMIQUE DES GROUPES et... à la (RE)LECTURE DE TEXTES "éculés".
Mes étudiants y retrouveront des questionnements schématiques mais féconds, des "pense-bêtes", des bréviaires, des "garde-fous", des boussoles, une axiomatique sommaire...
Les autres butineront dans cette espagnole auberge de quoi penser s'indigner s'interroger flâner survoler zapper conspuer...
Les CRITIQUES, REMARQUES, AJOUTS, PROPOSITIONS ALTERNATIVES, DEMANDES DE PRÉCISIONS, ... ET MÊME LES PROPOS COMMINATOIRES SONT LES BIENVENUS: USEZ DES COMMENTAIRES ET DES NEWLETTERS POUR CRÉER LIENS, NOEUDS ET TRESSES.
À BIENTÔT DE VOUS LIRE.
Jean-Pierre BÉNAT
Chers vous,
le propos de cette visioconférence était de remonter (--> "ana-lyser", "dénouer en remontant") au texte originel des Septantes, en grec, et de le débarrasser des scories de traductions trop (?) marquées synchroniquement.
En outre, l'approche clinique permet de discerner des schèmes anthropologiques: l'Incipit de la Genèse est un concentré de "Précis d'éducation", histoire de ne pas abimer les enfants...
Le débat animé qui a suivi a porté sur l'axiomatique choisie (--> "nous ne parlerons pas de Foi"), certains d'entre vous refusant ce prolégomène, avant d'explorer la problématique des "Universaux" ; je joins donc quelques documents, et la prochaine conférence s'attachera à clarifier cette thématique (on lira avec bonheur et intérêt l'ouvrage d'Alain de Libera, disponible ICI https://https://fr.scribd.com/document/321811402/Alain-de-Libera-La-querelle-des-universaux-Seuil-1996-pdf...)
PS. La vidéo de la conférence est disponible ICI (https://www.youtube.com/watch?v=2rC-6eobqqc)
Chers vous,
vous trouverez ici le support ".pdf" du cours.
Le propos est de ne ne pas se laisser sidérer par un comportement violent, mais d'intégrer que la maîtrise (symétrique!) de "signifiants" moins pulsionnels et plus institutionnels permet de la réguler, d'en faire la catharsis, en installant une "distance" , par la verbalisation...
Amusez vous bien!
PS. Si vous souhaitez avoir ces cours en vidéo, demandez les moi par mail...
J.-P. BÉNAT, psychanalyste, psychologue clinicien
1) Nous sommes, comme tous les animaux, des « êtres opportunistes », caméléons habiles à prendre la « posture » qui, au moment « t », permet à la fois d’assurer la conservation du Moi (sinon il risque de s’effondrer, insubstantiel et sans contours!) et d’avoir des gratifications narcissiques (un peu miteuses, mais faute de grives…)
2) Même le « Drama », la mise en scène des crises (fonctionnement rôdé dès la petite enfance, dans le théâtre familial, puis social!) et des souffrances, est un étayage gratifiant (d’où le poids massif des « quérulences » dans les relations sociales!)
3) l’écueil est de s’enkyster, comme dans une vieille pantoufle, dans ces postures: cette « homéostasie », très économique (on commence un sketch et… il se déroule quasi automatiquement, scénario dont le script est éculé), passe rapidement pour le « caractère » de la personne, alors que ce n’est qu’un mode « paresseux » d’être à Soi, à Autrui et au Monde!
4) Les personnes ne « changent », au sens où elles abandonnent leur script bien connu, que quand le rapport « gratification/inconvénient » n’est plus aussi net: c’est vrai pour le psychisme comme pour le statut du corps, la rééducation, le suivi d’un traitement, l’entrainement à un instrument, l’investissement dans une pratique, une relation etc.
5) Comme tous les psychanalystes, je suis prodigieusement agacé de la « lenteur » des patients à jeter leur vieille pantoufle (peur du nouveau, incertitude sur le taux de gratification future, flemme crasse, appréhension de l’Altérité qui risquerait de les « colorer/contaminer » trop en les faisant sortir de leur zone de confort, fidélité à une saga familiale et au Drama…)
6) Je ne connais que deux moyens de « muer »:
a) perception que les désagréments l’emportent nettement sur les gratifications (—> même le Drama n’est plus étayant!)
b) perception que de nouvelles gratifications sont à portée de main (—> tomber en amour, côtoyer des joyeux, des paradigmes gais, dont les étayages sont à l’évidence jubilatoires!)
7) La thérapie n’est que le moyen de « solder » les vieux étayages, de « perdurer sans carapace »1 le temps d’avoir constitué de nouveaux étayages, « charpente » plus qu’ « échafaudage » selon le beau mot de Gide: MAIS cela implique une décision2 de la personne et… le courage de travailler le neuf!
8) Il semble que souvent la personne soit, dans ses vieilles pantoufles, suffisamment bien pour qu’il n’ait nulle envie de changer! Le « taux d’excitation » du Drama, des scénario de fuite, des scènes et de leur récit (→ quérulence!3) « suffit » à vivre! On a beau tâcher d’expliquer que cette « excitation » (j’ai eu comme patientes des femmes battues qui ont mis bien longtemps pour comprendre qu’il est d’autres moyens d’avoir des émotions fortes! ) est vide, elle perdure : le Drama, le discours catastrophiste sont beaucoup moins riches qu’une nuit d’amour, une pluie d’amoureux égards , une morceau joué avec des pairs, une virée folledingue en moto avec des potes, une ballade dans les petits matins frais pour apporter des croissants à sa Dame, un Monopoly avec ses gamins… mais l’aspect « spectaculaire » est aisé, immédiat, paresseux, dont opportuniste! 4
10) La « sagesse » (au sens marin du cap le mieux négocié dans un vent contraire) et d’être soi même un « paradigme » joyeux, avec un seuil de tolérance faible (—> refuser les situations ternes dès qu’elles se profilent, au lieu de s’y vautrer) et une appétence pour les petites & grandes joies! Cela implique de se constituer des petits rituels contra phobiques qui permettent d’esquiver les tristesses du jour: faute de ces « grigris psychiques » , on retombe dans l’excitation du Drama…
1 Françoise Dolto évoque le « complexe du homard », un temps vulnérable, sans son ancienne carapace et avant d’avoir constitué la nouvelle, plus à sa nouvelle taille...
2. Sinon, il reste la possibilité d’un internement d’office (H.P.) : je m‘y suis quelquefois résolu, malgré mes réticences : le corps social prend alors en charge un des siens, malgré son refus...
3. Il s’agit de plaintes « théâtralisées », pétries de Pathos, et à visée « spéculaire »(→ « je narre pour que l’émoi d’autrui conforte à rebours mon excitation »...) : on trouve des auditeurs empathiques (mais… non analytiques!), voire on démultiplie par les réseaux sociaux, infinis miroirs - « Miroir, mon beau miroir, dis moi... »!
4. Un cynique dirait « on a les excitations qu’on mérite », mais… au fond, tout au fond, il y a de la Douleur, et à terme ces personnes « font payer » à Autrui leur propre insatisfaction (→ les enfants ! → les « Autres », qui savent jouir…) : chronique d’un désastre annoncé !
Ce billet fait suite à l’article « Épiphanie du refoulé » ( http://zeugma.pro/2020/11/epiphanie-du-refoule-25-11-2020.html ) : des correspondants m’ont suggéré cet ajout, dont acte…
1) PREMIÈRE DISTANCE : LA « MISE EN MOTS » :
Supposons (l’optimisme est de rigueur, a fortiori dans un monde où la quérulence fait florès!) les censures levées, les traumatismes verbalisés (par des mots, ou une expression artistiques ; je rappelle que, pour en être « libérés », deux types de « discours » sont nécessaires :
a) une approche « objective », construite comme un « rapport de police » : les faits sont exposés avec une « mise à distance épistémologique », dépourvus d’affects, précis, datés et contextualisés, avec une précision d’entomologiste.
b) une « approche subjective », chargée d’affect, avec tout le poids des « ressentis », et donc impliquant des exagérations, des hyperboles, des métaphores, bref tous les « topos » du lyrisme, de l’épopée, des Mythes, de la poésie. Elle peut-être littéraire, plastique (cf. les dessins d’enfant et… les productions picturales), musicale, chorégraphiée, théâtralisée, et là s’investit et se joue tout l l’Imaginaire induit par les blessures initiales.
NB : Notons que parfois, devant la force « dé-lirante » (« dé-lirer » = « sortir du sillon », étymologiquement) de ces productions, la personne peut « censurer » son Imaginaire (→ « vengeance » spectaculaire, ultra-violence, scénarios trop « sanglants » …) , dans l’idée (infantile, cf. « pensée magique ») que « si on l’imagine, cela va se réaliser ») ; en fait, les scénarios imaginaires ne sont pas des « pré-projets de passage à l’acte », l’Imaginaire n’est pas contigu au Réel (cf. l’article: http://zeugma.pro/2018/03/la-morsure-de-l-ours-en-peluche/imaginaire-symbolique-reel/12-03-2018.html ).
Le risque de cette censure est, peu à peu, de mettre en place un « filtre passe-bas », qui certes évacue les émotions fortes, mais aussi… le Désir : c’est le principe de l’alcoolisation, la prise de médicaments et l’apathie émotionnelle (→ « hébéphrénie », « mélancolie », voire « dissociation de la conscience » )
2) DEUXIÈME DISTANCE : LE CLASSEMENT SYMBOLIQUE
a) Une fois narrée, la blessure originelle, au lieu d’essaimer dans tout l’appareil psychique et de le contaminer quasiment intégralement, est concentrée dans un « grenier mental » : on peut à loisir y retourner, d’abord quotidiennement puis de plus en plus rarement, et… passer d’autres émois ; ainsi, l’Institutionnalisation du « deuil » traditionnel, avec ses étapes (crêpe noir, puis crêpe mauve ou gris) focalise sur UN temps annuel (La Toussaint, Dia de muertos) le chagrin de la perte.
Pour cette raison, il est vivement conseillé à des « victimes » de porter plainte : l’Institution judiciaire va formaliser les faits et les affects, en affirmant solennellement qui est « victime », qui est « bourreau », et en « disant le Droit »
b) De même, il importe de « condenser » les événements et les Affects en les cristallisant sur/dans un « symbole » : bijou, objet, article de journal, photographie : certes toujours chargés d’émotions, ils peuvent être rangés, donc… oubliés la plupart du temps : le psychisme peut « passer » à d’autres situations, d’autres émotions, d’autres altérités.
3) TROISIÈME DISTANCE : LA DÉRISION
Il est des haines, de ressentiments, des rages qui, malgré tout l’arsenal de la verbalisation, perdurent, et sont difficiles à « ranger » .
Le jour où on peut « plaisanter », par l’humour, la moquerie, le sarcasme, la caricature, le rire, la colère est moins prégnante, et envahit de moins en moins le psychisme : au lieu d’être confinée (!), l’amertume est partagés dans de joyeuses connivences : la problématique, que l’on croyait singulière, devient partagée, plurielle ; les femmes qui lisent « Lysistrata » d’Aristophane (écrite en 411 avant J.-C.!) sauront, par le rire, exorciser les blessures des machistes (le texte est ici : http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Aristophane/Lysistrata.htm et le film de Chaplin Le Dictateur moque à jamais les figures de tyran.
De même, dans les familles jadis martyrisées, la caricature épique du tyran domestique et de ses « tics » , évoqués en riant dans la fratrie, est une efficiente « mise à distance » , tout en permettant de repérer des « sketchs » qui sont les figures diachroniques, archétypales du Pouvoir… (Créon, Père Ubu, Folcoche, etc.) .
NB. : une des fonctions des Mythes est de produire des « archétypes » qui cristallisent, pour toutes et tous, des caractéristiques que nous pensions, avant analyse, « spécifiques à nous ». La phrase constante et désespérée des « victimes » (→ « vous ne pouvez pas comprendre ! » ) disparaît dès lors que l’on (re)connaît, dans les mythologies, dans les productions artistiques, des « schèmes répétitifs » !
Bref, nous sommes tous des Antigone, et moquons les affreux Créon !
Jean-Pierre Benat
* aucune connotation religieuse : du grec e)pifa/neia , « action de se montrer », « apparition soudaine », « ce qui apparaît à la surface » → « surface » (dictionnaire Bailly) …
** pour la bonne compréhension de ce billet, il est bon d’avoir assimilé :
- http://zeugma.pro/2018/11/trauma-maux-sans-mots/doisneau/chalon/16-11-2018.html
- http://zeugma.pro/2018/05/secrets-de-famille/fatales-fractales/irtess/28-05-2018.html
- https://data.over-blog-kiwi.com/0/96/21/69/20180404/ob_49de66_groupe-dynamite-copie.pdf
Les médias se (com)plaisent à narrer la surprise des voisins, après l’arrestation d’un criminel ou pré-jugé tel, comme si le passage à l’acte n’était précédé d’aucuns prodromes, d’aucuns « symptômes discrets ». Moins dramatiquement, nous avons tous en tête des éclatements de couples qui jusqu’alors donnaient une apparence « lisse », exempte d’aspérités et de conflit.
Le propos est ici de rappeler sommairement les étapes du refoulé, du silence à l’épiphanie, en passant par la censure, le déni et la scotomisation (→ suppression totale du passé, comme une amnésie… croit-on!).
Les étapes sont analogues pour l’individu, le groupe (et le pays ? Quelques historiens et sociologues expliquent les crises sociales et les révoltes comme « retour du refoulé... ») , ici sera prise en compte la vie du groupe restreint, telle qu’analysée dans une bonne centaine d’équipes (groupes-classes, groupes de travail, professionnels de santé, étudiants, sportifs, musiciens, familles…) ,approchées soit en thérapie, soit en « Dynamique de groupe », soit en « A.P.P. » (analyse de la pratique professionnelle) ou « supervision ».
Certes, en sciences humaines, les observations sont « gaussiennes », le « 100 % » n’existe pas, pourtant le schème qui suit est constant. (→ « schème anthropologique » ? la réponse est encore floue...)
A) Choc initial
Il s’agit, classiquement, de blessures narcissiques ; les critiques sont entendues comme des rebuffades, les ordres comme une sujétion, les cadres réglementaires comme des atteintes à la liberté individuelles, les Institutions comme « le Grand Autre « castrateur, l’objectivité comme un manque de reconnaissance .
C’est l’individu qui, à l’aune de « son » seuil de tolérance (induit par l’éducation et les « modèles » parentaux qui l’ont nourri ; cf.https://www.youtube.com/watch?v=DI8AcTZOYOU ) , est impacté et réagit : même feutrés, des signifiants comportementauxapparaissent, dans une stratégie de « défense du moi » plus ou moins discrète. L’observateur attentif peut repérer les discontinusdans les postures corporelles (soudain hyper ou hypo-toniques), les respirations (le malaise pousse à une « respiration haute ») et autres figures de mécontentement (cf. « Roue des émotions » et « tableau des émotions », en Annexe)
Notons que la blessure est d’autant plus douloureuse qu’elle fait écho à des blessures archaïques analogues.
B) Refoulement
L’éducation, la discipline, l’exigence de cohérence (pour éviter le chaos, l’éclatement du groupe, l’effondrement du Moi, l’absence d’étayages) et… le rapport de force amènent le groupe à « taire » l’expression des mécontentements ; de plus, en début de formation, un groupe a tendance à multiplier narcissiquement les « positions de défense maniaque » et « hystériques » et à délaisser les positions « persécutives » et « dépressives » (l’ « entropie » n’a pas encore érodé l’énergie globale du groupe)
C) Prodromes discrets
- Quelques réactions « caractérielles » se font jour, dans un premier temps associées à telle ou telle personne : les réactions et critiques sont « personnalisées » (→ « X » se plaint tout le temps », « Y » est une râleuse », etc.) ; ces personnes sont soit marginalisées, soit considérées comme des « lanceurs d’alerte » , et se manifestent par des postures spécifiques (replis renfrognés, éclats coléreux transgressifs ou discours para-doxaux)
- Puis ces éléments éparpillés se structurent en « discours organisés », voire en « saga groupale » , fustigeant de nombreux acteurs dans une « position persécutive » généralisée : les dysfonctionnements sont imputés aux autres (individus, chefs, Direction), dans des attaques multi-directionnelles et une quérulence de plus en plus systématiques.
D) Déni consensuel
Puis le groupe, sollicité par un professionnel pour séparer « les faits objectifs » des « discours et des humeurs »,
- se restructure par un « consensus » qui lisse les conflits internes (« tout va bien ! »),
- se centre et se rassure sur une point technique peu conflictuel, peu impliquant ,
- rejette la Faute (« causa primitiva activa », « cause première active ») sur Un Grand Autre, la hiérarchie, les cadres, la Direction -et, pour un grand groupe, le gouvernement, les Illuminati, le complot mondial, etc...)
Dans cette phase, tout comme un.e patient.e en thérapie, le groupe résiste en général habilement à l’analyse (« plus la peine de fouiller », « inutile de remuer le Passé » , « on se débrouille », « le groupe va se lasser » ), voire… la stoppe (absences, mutismes, mauvaise humeur affichée, etc...)
E) Épiphanie
1) Si le groupe (tout comme le.la patient.e) réussit à stopper l’analyse (étymologie : dénouer en remontant!) , le calme va durer… jusqu’à ce que des symptômes majeurs explosent : crise de colère, dépressions, burn out, maladresses, accidents, maltraitances, passages à l’acte…
2) Si le groupe (tout comme le.la patient.e) accepte l’analyse et
- verbalise les griefs,
- clive effectivement « faits » et « humeurs »
- solde les « faits » par des modifications de protocole, d’organigramme, de dispositifs, de méthode, d’us, de fonctionnement, de comportement, de rituels , etc.
- solde les humeurs et les rumeurs en crevant les abcès (« on s’explique et… on tourne la page »!)
… alors le groupe ( tout comme le.la patient.e) peut gagner en dynamisme (et… en joie, soyons optimistes), sachant que l’économie psychique est lourdement grevée par la pérennité d’un refoulement, qui exige de se déplacer avec une lourde cuirasse…
Ces étapes sont constantes, vous aurez remarqué qu’elles sont aussi, fort logiquement, la « trame » des grands Mythe, des textes sacrés, des productions théâtrales (tragédies, comédies..s) et cinématographiques, de romans ; on parle alors de « schéma narratif » , ici brièvement résumé:
- atmosphère « linéaire » (« Il était une fois, dans une contrée lointaine….. »)
- élément perturbateur (« Soudain…. »)
- crise (« Alors… » ) : émergences des position, réorganisation chaotique des rapports de force
- résolution de la crise : retour au linéaire (« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ... »)
CONCLUSION (provisoire…)
Il serait opportun que les groupes, comme les individus, au lieu se se penser « singuliers », « particuliers », « spécifiques » (→ « Nous, ce n’est pas pareil »…), entendent leur évolutions et leurs péripéties comme une Histoire plurielle et universelle… Il feraient une belle économie de sueur, de larmes et… de sang.
Jean-Pierre Benat
MÉMORANDUM
CLINIQUE DE L’INTÉGRISME
Préambule
La présente analyse est étayée sur un triple faisceau d’éléments :
a) une -très !-longue pratique des actes de violence : enseignement des Arts Martiaux, contentions diverses (milieu médical & missions urbaines) et donc des « formes » de mise en acte de la violence
b) une -très !- longue pratique des adolescents : pédagogie, thérapies individuelles et groupales et donc des « sketches » permanents qu’ils re-présentent sans cesse
c) les concepts opératoires de la Psychologie Clinique, éclairés en outre par les Mythes et les plus beaux fleurons de la Littérature
NB : le point de vue ici mis en œuvre n’est ni sociologique, ni socio-économique, ni politique, ni ethnologique, ni historique...
Analyse
Tout passage à l’acte, s’il peut aisément et paresseusement être imputé à la conjoncture (qui de fait n’est qu’un catalyseur), est un « syndrome » lié à des causes multiples : nous avons toutes et tous quelques unes des 10failles qui suivent, épisodiquement ou -ce qui est plus inquiétant- dans la chronicité, mais si un individu n’a pas pu en combler au moins 4 , il sera enclin, dans une toxique nécessité, à s’enkyster dans une « vision du monde » holistique, au point d’assassiner toute Altérité.
NB : les items sont numérotés pour en faciliter la citation, le commentaire et la critique… mais il n’y a pas de hiérarchie entre eux !
1) Intolérance à la frustration
Le bébé, le petit enfant, incapable de penser la durée, est en colère dès qu’un besoin/désir n’est pas immédiatement satisfait ; c’est le « caregiver » (le plus souvent, la mère) qui lui apprend, par des mots doux, à « surseoir » , à médiatiser son désir, autant que faire se peut. Cela implique l’apprentissage d’un « code symbolique » de plus en plus fin pour « dire » son désir et décrypter la réponse de l’Autre ; notons que si le caregiver répond immédiatement au besoin, le code n’a pas besoin d’advenir … ce qui obère les échanges futurs !
De même, donner satisfaction immédiatement à un adolescent (tablette, console -bien nommée !-, objets) l’empêche d’élaborer une rhétorique argumentative qu’il développerait dans la durée pour obtenir satisfaction et… qui nécessiterait la prise en compte et l’analyse de l’Autre pour élaborer une tactique !
2) Intolérance à la « dissonance cognitive »
Tout écart entre le monde tel qu’on le perçoit et tel qu’on aurait voulu qu’il fût est source d’angoisse, de peur ou de colère :
a) dans un premier temps la personne va tenter de faire coïncider ces deux représentations, par des « biais cognitifs » (« biais de confirmation » : c’est la phrase de St Thomas inversée : « je vois ce que je crois ! »)
b) puis vient le temps de la quérulence, plainte auto-alimentée par les discours ambiants (TV, chaînes continues, « micro-trottoirs », réseaux sociaux) qui sélectionne dans le Réel les éléments qui confirment la frustration
c) ensuite on focalise les maux sur un « Grand Autre », cause première active (« causa primitiva activa ») , démiurge d’un complot général (« holistique »)
d) enfin, dans un reliquat de pensée magique (agir sur la représentation d’un chose ou sa métonymie = agir sur la chose elle-même), on supprime le Grand Autre et/ou un de ses représentants supputés
3) Incapacité à penser le « travail » comme un moyen de réduire la dissonance cognitive
Tout franchissement de seuil implique impossibilité, puis difficulté, puis apprentissage, puis essai, puis échec, puis ré-apprentissage, puis ré-essai : nous avons connu ce processus itératif pour apprendre à marcher, à faire du vélo sans petites roues (j’espère pour vous!), à lire, à résoudre un problème scolaire ou pragmatique : il implique de pouvoir se projeter dans le temps (« dans un mois, dans un an ... ») ; notons que la quérulence , souvent colorée d’auto complaisance, inhibe l’idée même d’appliquer un raisonnement « intelligent » (→ « modifier le Réel et/ou s’y modifier »)
4) Difficulté à perlaborer une Identité assez poreuse aux Autres pour évoluer :
a) le petit enfant est « identifié » par le seul regard (désir ? Pas toujours!) parental
b) l’enfant puis l’adolescent explorent une série d’étapes « identificatoires » (« idoles », héros du sport ou de la chanson, personnages réels ou fictifs…), en les « jouant » « au second degré » (les « looks », les langages, les postures ne s’installent pas dans la durée, je connais des ex « punk à crête » dorénavant ingénieurs et donneurs de leçons…)
c) à terme, la personne dépasse cette collection d’imagos et s’épanouit , à la suite d’une identification réjouissante (« mentor »), dans une Identité plus durable
d) si l’individu, faute d’adulte de référence, persiste à combler cette déshérence par d’éphémères imitations/assimilations, il finit par être séduit par une « vision du monde » holistique*, qui promeut un discours unifiant, dogmatique, qui explique tout, sans aucune possibilité d’être contredit (→ « infalsifiable ») ; ainsi, les comptes Facebook de certains intégristes, avant d’être consacrés à Daesh, se focalisaient sur le PSG, Benzema, Hanouna ou… les BMW M3, autant d’ étapes identificatoires incomplètes
* vision du monde de plus en plus exclusive et donc excluante : la vieille plaisanterie « quatre trotskystes, une scission » s’applique à tous les groupes radicaux, riches en ostracismes, clivages et autres excommunications
5) Difficulté à « déniaiser » tout « discours Alpha »
a) le petit enfant, confronté à une myriade de stimulus perçus comme anarchiques et « insensés », a besoin d’un « discours Alpha » (cf. Bion) qui organise le monde et lui donne sens ; ainsi, ce « pieux mensonge » présente-it-il un Passé vertueux, strict et heureux dont l’enfant devrait s’inspirer
b) l’adolescence est l’âge où l’on commence à « déniaiser » ce discours : la Culture, l’Histoire, ou tout simplement le récit des grands parents en montrent les excès, les erreurs, les contre- vérités (ce n’est pas une petite souris qui vient échanger une dent de lait contre 2 €…)
c) la maturation consiste à déniaiser tout discours Alpha, tout en continuant à le chérir souvent, mais surtout à apprendre que le Réel est irréductible à UN discours.
d) rappelons ici que, contrairement aux dogmes (religieux, politiques) , la Science obéit à 4 critères :
- nécessité
- universalité
- reproductibilité
- falsiabilité (une hypothèse doit être validée pour devenir « théorie », mais toute théorie est falsifiable, dépassable dès lors qu’elle ne rend pas compte de nouveaux phénomènes nouvellement identifiés).
6) Difficulté à s’interpénétrer avec l’Altérité
Classiquement, dans la Clinique de la petite enfance, on identifie deux Instances :
- la « Dyade » (généralement la mère, mais ce n’est pas « genré » : il s’agit de « fonctions », pouvant être assumées par une femme, un homme, génitrice/teur ou pas!), protectrice et sécure
- le « Tiers Séparateur » (même remarque que supra) : sa mission est de faire sortir le petit enfant du monde de la Dyade, de lui montrer (davantage par son comportement paradigmatique que par un discours!) que le monde extérieur est apprivoisable et d’un abord plaisant.
Que le Tiers Séparateur n’accomplisse pas cette mission -ou soit absent-, et l’enfant aura une défiance de toute « terra incognita » : l’Autre, l’inopiné, l’impromptu, l’inconnu** seront a priori hostiles : ce fonctionnement favorise la constitution d’un « Grand Autre » ontologiquement mauvais.
** … ce qui éclaire la résistance à l’apprentissage et le refus le l’École et … les autodafés où les livres sont brûlés...
7) Inclination à « réifier » l’Autre, en l’essentialisant
a) l’Autre, différent, inquiétant, est essentialisé (→ réduit à la caractéristique supputée de sa communauté, de son groupe, de son ethnie, de son habitus)
b) à terme, il est « déshumanisé », « chosifié » : aucune empathie ne permet de percevoir des P.P.D.I.C. (PlusPetit Dénominateur Identificatoire Commun : « nous sommes tous nés d’un homme et d’une femme, nous passons tous par les mêmes étapes, nous allons tous mourir et… nous le savons! »), donc il devient licite d’éliminer l’Autre (voyez comme, dans toutes les guerres, toutes les conquêtes, on qualifie l’ennemi !)
8) Difficultés à séparer « Imaginaire, Symbolique, Réel »
L’enfant, sauf pathologie familiale, sait dissocier
- « Imaginaire » (le monde des monstres et des héros/héroïnes ),
- « Symbolique » (le « doudou », le déguisement, le jeu)
- « Réel » (règles sociales, us et coutumes de la maisonnée, de l’école, rapports de force)
Les signifiants comme « pour de semblant », « pour de vrai » et « Pouce ! » (en désuétude… dommage!) sont utiles pour dire la frontière entre les modes d’expression.
Certains enfants ne maîtrisent pas ces seuils (faute sans doute d’éducation en ce sens, faute aussi d’être en présence d’adultes-paradigmes usant de tels seuils (humour, sketchs identifiés, jeux de séduction et de pouvoir identifiables, usage des « 1er et second degrés ») : devenus adolescents et adultes, ils confondent « posture symbolique » (figure du héros, de la femme fatale, de la victime, du vengeur, du martyr, archétypes mythologiques et artistiques) et « posture réelle » : l’enfant déguisé en Trex « sait » qu’il n’est pas un dinosaure et redevient Kevin, l’intégriste déguisé en héros vengeur ne redevient jamais Kevin, son Moi est coextensif au rôle, et il suffit d’une arme « réelle » pour que la violence mimée (le slogan, l’anathème) vire en violence réelle et en crime !
NB : la même incapacité à maîtriser le Symbolique mène au harcèlement et au viol : faute du corpus symbolique(marivaudage, art de séduire, de courtiser dans la durée), le violeur passe directement de son Imaginaire (le fantasme) au Réel (agression de l’Autre, réifié en « objet »)
9) Difficulté à dissocier le « MOI » de ses actes
Un « Moi » structuré s’identifie par une multitude de rapports (pas toujours de jubilation!) de Soi à Soi, de Soi à Autrui, de Soi au Monde ; faute sans doute de jubilations, le « Moi » peut parfois se focaliser pour exister sur UNE tâche, UN acte, UN exploit ; ce schème, déjà toxique dans l’adolescence et l’enfance (l’anorexique s’identifie à ses -belles- performances scolaires et sociales, avant de s’ancrer au seul contrôle de sa nourriture), induit une scotomisation (censure complète) des autres affects et des conséquences de ses actes : l’individu se focalise sur UN acte qui devient comme LA « pierre de touche » de son MOI (comportement « ordalique »)
10) Difficulté à penser la réversibilité
Enkysté dans l’instant ET dans un temps linéaire (non évolutif), l’individu a du mal à penser « aporie » (chez Platon, « impasse » : on a pris une voie, un raisonnement, un parti pragmatiquement erroné, donc sans plus se formaliser on rebrousse chemin pour en explorer un autre) : pour l’intégriste, tout « manquement » au projet est considéré non comme une « erreur », mais comme une « faute », voire comme un « péché » : ce fonctionnement , ancré à UNE ligne (on parlait jadis de la « ligne du Parti »… ou du dogme pontifical, « infaillible »!), exclut de considérer que la voie choisie n’est qu’UNE branche d’une arborescence complexe, et qu’il est loisible d’emprunter une autre branche, chaque hypothèse analysable à l’aune des paramètres de tolérabilité eux mêmes soumis , en démocratie, à autrui…
CONCLUSION (schématique!)
Nous passons toutes et tous, à la réflexion, par ces 10 écueils: la pathologie survient quand ils se chronicisent, quand on commence à penser que c’est notre « caractère » essentialisé, et non une réponse opportuniste ponctuelle à un événement contingent !
Vigilance, donc...
Bien à vous.
Jean-Pierre Bénat
Chers vous!
vous trouverez ICI le support de nos réflexions du jour: le propos, éclairé par vos questions -pertinentes!-, était de repérer les conduites à risque, en séparant "risques mimés" et "risques réels", puis d'en analyser les causes (problématique de la limite, signifiants complexes, parfois hystérisés), et enfin de proposer des dispositifs qui permettent à la fois l'exploration des franges, le dépassement de soi et... l'évitement du danger.
Je joins un cours sur "LE JEU", nécessaire pour instituer un espace "symbolique", "pour de semblant", et donc échapper à la tyrannie de la pulsion ...
Cadeau-bonus (vous êtes un groupe très gratifiant pour un intervenant!): un articulet sur la "Dissociation traumatique" évoquée pour comprendre comment parfois, tragiquement, le corps se fait objet.
Cher vous,
vous trouverez ci-dessous le support des propos et des réflexions tenus ce jour. J'ai vivement apprécié la qualité de votre écoute et de vos interventions.
Retenez essentiellement, dans votre pratique, les axes prioritaires:
- être À LA FOIS "Dyade" et "Tiers séparateur"
- produire et faire produire, toujours, des "signifiants", pour mettre des mots sur les pulsions, pour nommer les limites, pour expliciter les évolutions, les étapes, la durée...
- permettre une exploration de l'Imaginaire, un apprivoisement du Réel et une myriade de jeux Symboliques...
- créer des "liens" (connivences) qui ne soient pas des "liens" (chaînes), instituer des limites qui ne soient pas des bornes!
PS: je vous recommande, pour plus de précisions et à toutes fins utiles, un document sur "la psychologie de l'enfant et de l'adolescent", ainsi qu'une vidéo sur "les troubles de l'attachement", que nous avons évoqués. (https://www.youtube.com/watch?v=DI8AcTZOYOU )
Très cordial salut!
Chers vous!
Vous êtes des auditeurs chaleureux, réactifs, plaisants, pertinents dans vos questions et commentaires!
Voici un support de cours un peu plus complet que ce qui a été dit; le propos est d'avoir une "boîte à outils" pour percevoir les dysfonctionnements dès leur début, avoir des réactions fécondes ou, au moins, éviter les situations toxiques.
N'hésitez pas à m'envoyer des "études de cas", à commenter, à critiquer, à poser des questions. Je répondrai à tout cela dès notre prochaine rencontre!
http://data.over-blog-kiwi.com/0/96/21/69/20191203/ob_2e8b13_ado-educ.pdf
PS: celles et ceux qui étaient intéressés par "les troubles de l'attachement", voici une vidéo qui fait le point: http://www.youtube.com/watch?v=DI8AcTZOYOU
Cher vous !
Le billet précédent et la vidéo publiée sur YouTube ont suscité des commentaires nombreux (merci pour la narcissisation!), mais parfois surpris : l’idéologie ambiante, sans doute dans un souci de « ne surtout pas culpabiliser les parents », laisse penser que la souffrance (enfantine, juvénile, adulte) est liée à une conjoncture malheureuse, sans prendre en compte que les « outils de résistance et de cicatrisation » face à l’adversité dépendent … de l’entourage archaïque qui a plus ou moins armé ou désarmé le psychisme du petit enfant, en lui apprenant -ou pas !- les stratégies d’apprivoisement du monde, décrit comme effrayant ou avenant.
L’enfant (puis l’adolescent et l’adulte) en souffrance est donc soigné « en soi » (ex. on administre sans regimber des molécules aux effets importants -Ritaline- à des enfant « hyper-actifs » -sic ! ainsi dit la doxa actuelle- sans interroger le contexte éducatif, la manière dont la Loi est dite -ou pas !-), en dégageant la parentèle de toute responsabilité…
Ici seront montrés, dans un cours sur LES TROUBLES DE L’ATTACHEMENT, les schèmes archaïques qui modélisent le triple rapport de Soi à Soi, de Soi à Autrui, de Soi au Monde, et que la Clinique observe constamment !
Rassurez vous (!), il n’y a pas prédestination, à condition… de rencontrer d’autres adultes de référence, de tomber amoureux, de prendre langue avec l’Autre différent, d’être « pare-incestueux » ! Le Mythe de Babel, souvent mal compris, indique l’obligation -et la chance !- d’apprendre la langue de l’Autre, ou d’en inventer une commune, pour faire lien et vivre…
URL de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=DI8AcTZOYOU
Besos
PS. Les consultations induites par le confinement (et… le déconfinement) révèlent, encore plus que d’ordinaire, des psychismes « désarmés » , prêts à toutes les croyances (complot, bon objet héroïsé / mauvais objet coupable): retour massif des schèmes archaïques infantiles, donc… des « troubles de l’attachement ».
Ces deux derniers mois de confinement puis de semi-liberté cristallisent considérablement les blessures du Moi et les mécanismes de défense mis en œuvre ; d’ordinaire les personnes qui consultent le font sur le conseil de proches, d’amis ou du médecin de famille, après réflexion, réticence, re-réflexion et décision : ici les appels étaient induits par le sentiment urgent que leur état psychique « n’en pouvait plus » : mélange d’accablement et de colère. Il me semble aussi -mais c’est à vérifier … - que la sociologie des patients est plus proche du « pays réel ».
Le confinement, puis le déconfinement ont donc conforté, avec intensité, ce que l’on sait des mécanismes de défense, dans leur double qualification : salvateurs un temps, ils deviennent toxiques quand ils se chronicisent, enkystant la personne dans une posture figée .
Les Dieux ont de l’humour (!) : j’avais un cours prévu depuis longtemps sur cette thématique : la période m’a amené à le transposer en vidéo, et surtout préciser certains points, à questionner à la fois la Clinique et les biais cognitifs qui filtrent et biaisent notre propre analyse (… notre formation universitaire est aussi un mécanisme de défense...) .
Voici ledit cours, en visio-conférence. Ne vous crispez pas sur la forme, c’est récupéré directement par un Interne à partir d’un simple enregistrement en direct avec le Mac, sans caméra ni micro dédiés à cette prestation, ni technique de prise de vue…
Besos !
En pièce jointe, quelques articulets qui ont scandé le confinement; ils seront théorisés plus tard...
Chères toutes, chers tous!
merci de votre écoute à la fois attentive, chaleureuse et fine!
Le propos était, par une étude minutieuse du texte Grec des Évangiles et de l'iconographie, de s'interroger sur la "crucifixion", sur les "dérives" des traductions, qui ne sont ni des "erreurs", ni des "manipulations", mais des "biais de confirmation"...
Bonnes réflexions!
PS: deux "outils" passionnants et... utiles:
1) une Bible en 7 langues juxtaposées (patience, le chargement et le téléchargement sont lents: 9510 pages!):
https://www.onelittleangel.com/telecharger/Bible-multilangue.pdf
2) un site assez complet sur "n" versions de la Bible:
https://www.lexilogos.com/bible.htm
TOUTES les occurrences des emplois de "croix", "crucifier", "clou" dans le N.T.
À la demande générale (bon, j'exagère un rien!), voici l'ancien cours de Communication, où piocher des outils d'analyse divers et, j'espère, féconds...
Chers vous,
pour ceux/celles qui viennent de s'agréger au séminaire, en voici brièvement condensée la moëlle.
THOMAS INVERSÉ!
Tout le monde connaît , sous forme de proverbe, la phrase inspirée de Thomas , appelé Didyne (in Jean, 20, 29, cf. la citation exacte infra): "Je crois ce que je vois" : le propos de ce séminaire est d'illustrer l' "inverse": "Je vois ce que je crois" , ou plutôt, pour rester fidèle au texte néo-testamentaire: "Parce que tu as cru, tu as vu" .
La perception du Réel est la -rassurante?- interprétation d'une pareidolie: nous filtrons le Réel -y compris dans la Clinique, le diagnostic et la prescription (nosologie / étiologie / thérapie)- à l'aune de nos connaissances, de la puissance -ou non!- de nos outils de connaissance, mais aussi de nos intérêts (défense et promotion du Moi...), de nos désirs et de la limite de notre action. Bref, nous gardons ce qui nous arrange et... scotomisons le reste!
Vous trouverez ici les supports des conférences spécifiques:
http://www.taneb.org/2019/11/biais-doux.toxiques/toulon/16-11-2019.html
http://www.taneb.org/2019/12/biais-doux.toxiques/toulon-2/30-11-2019.html
Je vous suggère aussi de consulter ceci (autre angle d'analyse, mais la problématique est la même):
http://www.taneb.org/2019/05/episyemophilie/pareidolie/chalon/16-05-2019.html
VIVE LE DOUTE RÉFLEXIF!
Cher.es vous,
voici le support du cours -provisoire: en fonction de vos commentaires & critiques lors des prochaines séances, il sera sans doute modifié-; le propos est de pouvoir analyser les mécanismes de violence, essentiellement dans la pratique du métier, et surtout de présenter les outils idoines pour percevoir:
- les "SYMPTÔMES DISCRETS" que les "biais de confirmation" s'ingénient à occulter, voire scotomiser
- la délicate frange qui fait seuil entre le "mime symbolique" et la "violence réelle"...
PS: N'oubliez pas de m'envoyer des "situations critiques", à fin d'études de cas...
Chers tous,
voici le support de la -longue! merci de votre patiente écoute!- conférence; le propos était, à travers les textes (philosophes grecs et latins, Pères de l'Église, théologiens), de comprendre l'étonnante expansion du christianisme archaïque, et, au delà, de tâcher de penser "la Mue avec l'Altérité".
La problématique de la foi a été soigneusement écartée, au bénéfice d'une approche anthropologique: tout corpus de textes, de concepts et de pratiques est ici abordé et analysé comme une "réponse" à des schèmes universels, humains que nous sommes...
P.S. Un mien ami -et néanmoins ancien élève!- me fait remarquer avec sagacité et courtoisie que p. 49 j'ai apposé un portrait de... Descartes, au lieu de Spinoza: bévue iconographique mais erreur philosophique! La chose est corrigée, Lambert en soit remercié!
Jubilatoire -et documenté!-bijou de Voltaire
Cher(e)s vous,
voici le support du cours; le propos était de présenter l'historique de la M.F., puis de pointer les conditions qui rendent sa mise en place obligatoire et qui, si l'on n'y prend garde, risquent de la mettre en échec.
Vous aurez compris, dans votre équanimité et votre aménité (autant utiliser les concepts un rien nécessaires* à cette pratique... rire!), que la restauration du lien implique une restauration du "SYMBOLIQUE" , condition nécessaire* au nécessaire* clivage "femme" / mère en coparentalité" et "homme / père en coparentalité" ("homme" & "femme" étant évidemment interchangeables...) ...
Bonne réflexion!
PS. * "nécessaire" répété 3 fois: c'est dire si cette Institution est indispensable!
Cher(e)s vous,
vous trouverez ici le support de la conférence. Une partie Clinique, puis une "boîte à outils" pointant les bévues et/ou les situations toxiques...
Le propos était d'insister sur les spécificités de cet "entre deux", où un masque identificatoire en chasse vite un autre, où les discours, volontiers "hystérisés", expriment un autre sens que ce qu'ils explicitent en apparence: messages cryptés qu'il faut tâcher, avec précaution, affection et équanimité, d'entendre et de comprendre...
Chers collègues,
voici le support du Séminaire (2).
Le propos était de rendre évident (éclatant!) le travail de l'Inconscient qui, subrepticement, accomplit sa tâche de protection du Moi, en FILTRANT & CRYPTANT les éléments du Réel qui peuvent "cogner" (Lacan) un rien fort...
De bonne foi (?), notre perception en est biaisée...
MÉFIANCE (& HUMOUR), donc!
PS. Votre accueil est délicieux: j'ai eu quelques remords à pointer, devant des personnes de culture plutôt "cartésienne" un fonctionnement du psychisme si "magique", si déconcertant, si déstabilisant... comme si nous avions un "daïmôn" (cf. Socrate) / ange gardien qui, bien caché, oeuvrait à une efficiente cotte de maille...
Cher(e)s collègues,
voici le support du Séminaire (1); le propos est de décrypter les BIAIS qui modifient sensiblement perceptions des symptômes, analyses cliniques et décisions de soins; merci d'avoir reçu ce discours avec enthousiasme alors même que les égos peuvent en être marris...
J'ai vivement apprécié votre accueil, qui incarne parfaitement l'archétype de la méditerranéenne chaleur... Pour une fois, vive les truismes!
Chers/chères vous,
vous trouverez ci-dessous le support de la conférence. Une partie des pages n'a pas été commentée, je vous laisse découvrir et méditer!
Le propos était triple:
a) reconnaître, à travers l'analyse clinique, la légitimité, pour l'enfant/pré-ado/ado, d'une exploration des "bordures", afin de passer du statut d' "OBJET" à celui de "SUJET": cela revient à ne pas "supprimer le risque"...
b) rappeler les limites neuronales d'un cerveau pas encore achevé: capable de ressentir -ô combien!- les émotions, il peut difficilement se distancier, se projeter dans le temps, maîtriser le clivage entre théâtre social et "Moi"; le discours rationnel, si fondé soit-il, est moins efficient que la "modélisation" (rôle des "neurones-miroirs").
c) réaffirmer la nécessité d'un accompagnement par un/des adultes référents qui sache/nt:
- reconnaître les pulsions
- proposer des cadres "SYMBOLIQUES" (entraînement, règles, valeurs éthiques, "second degré", rituels, sas et frontières), en étant des "paradigmes efficients" et... en n'oubliant pas de narcissiser.
La tâche est ardue... mais la tentation de prohiber tout risque "en amont" ("principe de précaution" mal compris...) est toxique: le risque, majeur, est d'assister impuissant au "RETOUR DU REFOULÉ", sous une forme non apprivoisée et... dans le RÉEL.
NB: "LE RÉEL, C'EST QUAND ON SE COGNE" . Jacques Lacan (Séminaire III)
Chers vous,
le propos était double:
1) relire les premiers versets de la Genèse et relever les "dérives" des diverses traductions...
2) montrer que ce texte, comme tout mythe -la problématique de la Foi n'a pas été abordée...- , transmet des savoirs, savoir-faire et savoir-être: ici, une exceptionnelle école de la PARENTALITÉ !
JE VOUS REMERCIE DE LA QUALITÉ DE VOTRE ÉCOUTE .
Très intéressant séminaire dijonnais, organisé par l'ANPF (http://www.anpf-asso.org) .
Conférence: "VIOLENCE, DÉCRYPTAGE DU MIME".
Participants nombreux (700!), attentifs et chaleureux, questions pertinentes, multiples contacts pour "une suite", organisation parfaite, et jusqu'au repas exquis!
SUPPORT DE LA CONFÉRENCE
ARGUMENTUM
Présentation du Séminaire
Le présent billet fait suite à:
http://www.taneb.org/2018/11/querulence-addendum-a-trauma/24-11-2018.html,
http://www.taneb.org/2019/01/querulence-2-addendum-2-a-trauma/04-01-2018.html
La mode (?) est à la quérulence, à la déploration, au décadentisme: sans me prononcer ici sur le fond, je rappelle que ce schème est récurrent, ancré au Mythe de l'Âge d'or et, sans doute, de la Rédemption à venir (mais... que/qui faut-il sacrifier? humour...) et... de l'âge qui vient: caricature d'élégie...
(Re)lisez ce texte de Platon (en juxta, avec le Grec en vis-à-vis) et... souriez!