De quelques axiomes divergents...
La divergence est un rien caricaturée (!), pour favoriser le
débat !
L'analyse de réunions (réunions de synthèse, conseils de classe, bilan...) dans
des sphères diverses, et la lecture attentive des « commentaires » politiques montre que l'ensemble de ces méta-langages repose sur quelques axiomes ou représentations des
fonctionnements groupaux et individuels :
1/ Les individus ont un « caractère » quasi immuable, une structure
archaïque (acquise ? innée ? L'époque actuelle, confondant volontiers imagerie médicale et causalité, penche de plus en plus vers « l'Inné », le « tout-génétique »,
et/ou vers une prédestination sociologique exacte pour une cohorte importante mais... pas pour un individu) ; chaque personne est « monolithique », qualifiée en tant que telle (cf.
les biographies sur Wikipedia, les portraits médiatisés, les rapports et … les bulletins) .
2/ Les individus sont « sous influence », il suffit de supprimer
l'influence et l'individu retrouve son fonctionnement initial.
3/ Le groupe est composé de « gentils » (sic!), avec lesquels il est
« agréable » de travailler (re-sic!), qui apportent du « plaisir » (ib.), et d' « inadaptés », « marginaux », qui créent une « mauvaise
ambiance » et empêchent les « bons » d'oeuvrer dans le bon sens (pauvres « victimes »).
4/ Les détenteurs du Pouvoir Institutionnel ont, quasiment ontologiquement,
« raison » !
Ces discours répétitifs semblent erronés, et l'analyse clinique des groupes et de
leur évolution, depuis J.L. Morano (publié en Français dans les années 50), D. Anzieu, R. Kaes, A. Bejarano etc...) a repéré d'autre schèmes :
1/ le « caractère » d'un individu certes suit certes quelques axes
constants, mais leur application au Réel modifie sensiblement l'ensemble des comportements (il mue en fonction des seuils du développement physiologique et psychique, des rencontres et... des
traumatismes)
2/ Chaque individu prend dans un groupe une « position opportuniste »,
en interaction avec le Groupe (famille / meute / classe / entreprise etc...) ; il risque de s'y enkyster ou d'y être enkysté par des qualificatifs univoques pérennisés par un permanent
« story-telling ».
3/ Tout groupe génère en son sein des archétypes dont les inter-actions sont
repérables (ainsi, une salle des professeurs fonctionne comme une classe, comme un congrès de séminaristes ou une assemblée de fleuristes ou... la groupe des chefs Achéens dans
l'Iliade!).
La « Dynamique de
groupe » (souvent confondue avec la « dynamique du groupe ») consiste à :
-
prendre conscience des « positions »
opportunistes
-
séparer le « Moi » des positions induites par le groupe, comme si
toute personne était double : un « Moi » composé de ressentis, de raisonnements, de jugements ET un « personnage théâtralisé » adapté au groupe (auX groupeS!) de
référence ; chaque personne apparaît donc comme un ensemble de facettes dont il doit savoir « jouer » (contrairement à Alceste dans le Misanthrope, enkysté dans UN rôle qu'il
croit être son Moi...)
-
apprendre à « jouer » de ces rôles, par l'apprentissage de
registres de langues et d'usages adaptés aux contextes, de « méthodes » appliquées aux tâches, de « schèmes épistémologiques » adaptés aux
apprentissages.
4/ Les détenteurs du Pouvoir Institutionnel privilégient incestueusement
ceux/celles qui leur ressemblent (cf. Bourdieu) et ont tendance à considérer que seul LEUR code est valide, au risque de se retrouver bunkerisés dans un monde autiste.
5/ cette conception « incestueuse » du groupe se traduit TOUJOURS par
sa mort.
PS. Cette approche clinique de l'individu et du groupe provoque deux objections
majeures :
-
a) si chaque comportement est « joué », le monde n'est
qu'hypocrisie, l'individu qu'un être instrumentalisé pas le groupe
------> certes, en effet le théâtre social, fondé sur des règles, impose
des frustrations, des mensonges, des renoncements, des censures, à chacun de gérer ses transgressions en fonction des rapports de force et de sa capacité à symboliser ses frustrations, dans
des pratiques « intimes » où on ne rend de compte à personne..
-
b) si chaque individu est ancré à une position opportuniste, quand est-il
« LUI-MÊME » ?
------> en effet, le théâtre social implique que la personne sache, autant
que faire se peut, qui elle est ; la palette est large : le sentiment amoureux, les jubilations, les affects – à dissocier des excitations...-mais aussi la douleur, l'échange, le
deuil.... Vaste programme..........
PS2. Les enfants, les préadolescents, les adolescents ont beaucoup de mal à
dissocier « Moi » (encore en devenir, en advenir) et « rôle social » ; parents, éducateurs et enseignants sont un peu là pour leur apprendre, ainsi que la
Culture !
À bientôt de vous lire... ici ou par courriel.
ICI, ce texte en .pdf
DynamiqueDeGroupe
LÀ, un support de cours sur la « Dynamique de groupe » (avec, en particulier, les différences d'approche
entre « système cartésien » et « analyse systémique » : une partie des contre-sens provient sans doute de la difficulté à passer d'une logique cartésienne à une logique
systémique, sauf pour les sémanticiens et les physiciens quantiques, assez rares semble-t-il...)
DynGroupe2-copie-1