Salut bonnes gens !
Une grosse dizaine (!) de commentaires pointent une imprécision des supports proposés ici (cours, conférences, séminaires) quant aux « nuances » entre Imaginaire, Symbolique et Réel. J’en conviens !
La principale critique repose sur l’argumentaire suivant :
- « Si l’Imaginaire n’est pas censuré, il peut devenir paradigmatique : dans une Pensée Magique, penser une image de l’objet rend cet objet Réel, donc donner du corps à un fantasme risque d’en accélerer le passage à l’acte »
→ au contraire ! Si l’Imaginaire perd sa caractéristique d’être libre, il risque de s’appauvrir : le Symbolique tendra à s’éroder, et le passage à l’acte sera dans un premier temps refoulé, puis mis en œuvre (cf. la « pauvreté » et l’immobilisme de l’Imaginaire des criminels, ancrés à des « rituels » qui sont leur « signature »…). Un psychisme irrigué par un Imaginaire riche va nourrir un Désir changeant, inventif, en dialectique avec l’Altérité, un psychisme censuré va ratiociner des scénarios figés (« La psychose, c’est ce qui ne bouge plus ! »)
- « Si le Symbolique est une mise en forme de l’Imaginaire, il devient un « objet » Réel , voire banalisé (texte, musique, totem, emblème récupéré par le marché) et perd toute sa sacralisation» :
→ en effet, le Symbolique risque de s’éroder, et nécessite une « re-sacralisation » sacramentelle dès que le rituel vire en routine
- « Si le Symbolique est gavé d’Imaginaire, sans feed back du Réel, il risque de recouvrir le Réel d’un discours Alpha impérialiste, totalitariste et intégriste ( du complotisme à la paranoïa en passant par le fanatisme) »
→ en effet , le Réel risque d’être sommé de ressembler à l’image que l’on s’en fait, faute de quoi… il va falloir supprimer le Réel (délire, drogues, repli incestueux, et dans une certaine mesure T.O.C, dépression et/ou… violence, pulsion d’emprise et de toute puissance.)
Je suggère, pour comprendre ces liens subtils et donc les risques de blocages, la métaphore suivante : il s’agit de définir un « ENTRE DEUX » ni vraiment Imaginaire ni vraiment Réel.
Un enfant, dès la perception d’une absence (du caregiver...), élabore, par le truchement de l’objet transitionnel, une consolation (future « console de jeu » -humour...-) . Cet objet peut devenir sujet d’une histoire, on peut le perdre et… il sera malheureux, le retrouver et… il sera content, prétendre qu’il ne veut pas être lavé etc...
Et si le « doudou » trouve ses limites d’anthropomorphisation, l’enfant va donner vie, par exemple, à une peluche.
Ainsi, l’enfant a un ours en peluche favori : tour à tout objet de câlin, d’actes de violence, de connivence (« toi seul me comprends »), l’ours est « comme » vivant : l’enfant le sent malheureux quand l’ours est oublié ou dans le noir. Faut-il penser que cette instance Symbolique (au sens où elle donne forme au système contra-phobique de l’enfant) soit « hors Réel » ?
Non !: l’enfant inscrit l’ours dans un « presque Réel », mais serait parfaitement stupéfait SI L’OURS EN PELUCHE LE MORDAIT ! La frontière est tue mais… visible. Elle structure toute la dialectique entre « POUR DE SEMBLANT » & « POUR DE VRAI ».
Qu’elle disparaisse (j’ai déjà souligné et déploré la disparition du « POUCE ! » dans les pratiques enfantines, et le dérapage rapide entre « VIOLENCE MIMÉE & VIOLENCE RÉELLE » -une AK 47 est à la fois un Symbole et une arme qui tue...-), et …
→ le jeu agonistique vire en violence
→ le jeu de séduction vire au harcèlement
→ le « sketch » familial vire en symptôme psychiatrique
→ le jeu syndical vire en émeute
→ le discours vire en promesse de Réel
→ l’espérance vire en déréalisation
→ etc.
Donc… redonnons sens aux frontières, à Artémis qui en est la déesse furtive, qui dit les limites entre forêt « apprivoisée » et forêt « vierge »...
Texte sur fond blanc...