Des personnes à l’efficiente sagacité ont repéré une contradiction entre la « méthode » de l’Analyse de la pratique et la Dynamique de groupe telle qu’exprimée ailleurs (ex. http://data.over-blog-kiwi.com/0/96/21/69/20150401/ob_e96e91_dyngroupe.pdf) : deux propositions semblent en effet antinomiques :
a) les paroles entendues en Analyse de la pratique sont pertinentes et permettent de définir un corpus de « symptômes » qu’il convient d’analyser
b) les paroles critiques et/ou plaintives participent d’une « position fonctionnelle » (→ « position persécutive » p. 9 du document) inhérente à tout groupe, donc au contenu peu pertinent.
En effet les discours critiques, « décadentistes » sont quasi mécaniquement proférés dans TOUT groupe. Même Platon (République, VII, 562b-563) émet un avis que l’on pourrait croire écrit par Finkelkraut, Zemmour & consors, voire… tout parent face aux « d’jeuns ». Tout se passe comme si, indépendamment du Réel, chaque génération reproduisait un « discours Alpha » (le concept est de Bion) qui organise, dans un souci à la fois pédagogique et narcissique, un monde dont on commence à ne plus parler la langue (« avant, c’était mieux », « avant, on savait s’amuser », « avant, on travaillait bien », etc.) ...
Donc… dans une formation « Analyse de la pratique » comme dans une Supervision, les paroles critiques sont partiellement liées aux automatismes de tout Groupe ; de même, à la fin de chaque stage, chaque congrès, chaque séminaire, un membre s’exclame : « Soit, mais concrètement qu’est ce qu’on fait ? » : phrase rituelle, presque indépendante de la psychologie du locuteur.
Comment séparer les « discours mécaniques » de l’émergence d’un symptôme pertinent ? Certes, les qualités de l’analyste et sa capacité à écouter sa propre « sérendipité » (donc… à se méfier de « sa » théorie a priori) sont importantes (remarque un rien arrogante, n’est-ce pas?), mais il est loisible d’avoir des CRITÈRES POUR DISCERNER :
1) le discours du type « position persécutive » se précise en symptôme dès lors que les personnes quittent la sphère des généralités convenues pour des récits de ressentis « historisés » (« historiser pour ne pas hystériser », vieille plaisanterie de psy…)
2) le style polémique, l’hypertrophie des formules volontiers épiques révèlent parfois une souffrance profonde
Elle se repère (comme… dans une cure individuelle) par ses conséquences :
a) instrumentalisation, réification de l’individu, privé de sa réflexion et de son libre-arbitre (cf. Milgram)
b) disparition du « Moi » derrière un « faux self » insatisfaisant et insatisfait (cf. http://www.taneb.org/2017/05/personne/faux-self/position/posture/ousia/eidos.06-05-2017.html )
c) démobilisation, fatigabilité…
d) érosion des capacités cognitives et réflexives (« tunnellisation » et « viscosité cérébrale », (ex. http://www.taneb.org/2017/07/ado/continent-mu-e-perdu/prevert/07-07-17.html )
La contradiction -fort pertinemment repérée!- peut donc être levée : LE MÊME DISCOURS PEUT-ÊTRE À LA FOIS UN RITUEL GROUPAL (= signifiant « mimé », « joué », simulé) ET L’EXPRESSION D’UN RESSENTI ET/OU D’UNE ANALYSE RÉALISTES (signifiant authentique).
Le jaillissement du signifiant est une première étape, nécessaire, reste à « ANALYSER » (en grec ancien : « dénouer en remontant », a)na luein…
J’espère avoir été clair...