- « Je vois ce que je crois » (Inversion de Thomas, cf. Nouveau Testament, in Jean 20, 29)

- ""Je le sens, je le sais" (Le Horla, Maupassant)

Salut bonnes gens!

Les précédents cours et séminaires m’ont valu moult questionnements sur le concept d’ÉTHOS: si le point 1 qui suit a été parfaitement intégré, le second semble plus opaque, soit manque de clarté de ma part, soit résistance de la vôtre. 

Voici de quoi affiner la Clinique, quant aux IMPACTS DE L’ÉTHOS, qui subrepticement nous enkyste dans une « position agentique», sauf à rester vigilants!

1) IMPACTS PSYCHOLOGIQUES:

a) modélisation corporelle: sous l’action (inconsciente et sournoise!) des « neurones-miroirs »  (agents archaïques de la « mimésis», et fondations des apprentissages ), les schémas corporels (postures, modes de respiration, tons de voix) ont tendance à se dupliquer, à faire « taches d’huile »; les « résistants » sont des personnalités (souvent jugées « caractérielles ») rétives à l’ordre social, solipsistes, fuyant toutes les injonctions comme autant d’emprises » et/ou affûtées en sérendipité)

NB: cf.  « Psychologie des foules », Gustave Lebon, 1895 (!)

b) modélisation linguistique: imprégnation lente 

- du champ lexical des orateurs/rédacteurs: proportion des items optimistes/pessimistes, mélioratifs/péjoratifs, voire impérialiste contamination de signifiants éculés au point « d’aller de soi » (« décadence », « colère », « sans précédent », « islamo-gauchisme », « grand remplacement », « xxx-citoyen », « xxx-collaboratif », « neuro-xxx », langage managérial,etc…)

- de « gimmick » moins innocents qu’il n’y paraît (« comme un lundi », «  quand même »-qui laisse supposer une ombre: « on a passé une bonne soirée, quand même»-, «ben voyons», etc…)

c) modélisation des émotions: la quantité des signifiants émotionnels induit doucement une qualité émotionnelle, en tant que vecteurs d’empathie: chacune des 6 éthos écrites produit, par effet de groupe, la sensation/certitude (frauduleuse!) que chacun est le seul créateur/initiateur de « son » émotion (fantasme du libre-arbitre, voire de l’essentialisation -très à la mode- de « l’hypersensibilité »)

NB: j’ajouterai, sans la commenter ici, l’incidence forte du « décorum », des protocoles, des rituels, des us du média (Tribunal, café, réseaux sociaux, télé-réalité, collège, cité, salon, dojo etc…)

2) IMPACTS COGNITIFS

L’ÉTHOS n’agit pas seulement dans l’instant (« coup » de colère, d’enthousiasme, d’abattement, de haine, de désir, d’excitation etc…) mais modélise les SCHÈMES COGNITIFS qui a priori nous permettent , « paresseusement » (= sans réflexion, sans « suspension du jugement » -« épochê »- ) d’appréhender, de « lire » (lecture pareïdolique!)  DANS LA DURÉE  le monde (plus précisément, pour les maniaques, « le triple rapport de Soi à Soi, Soi à autrui, Soi au monde »)…

En ce sens, l’ÉTHOS participe des « biais cognitifs » répertoriés ici (https://zeugma.pro/2019/11/biais-doux.toxiques/toulon/16-11-2019.html.   https://zeugma.pro/2019/12/biais-doux.toxiques/toulon-2/30-11-2019.html  https://zeugma.pro/2020/02/biais-doux.toxiques/toulon-3/janvier-2020.html ), et c’est sans doute le plus pernicieux, car:

a) le « Moi » est persuadé que sa vision du monde (Weltanschauug) est coextensive à la conscience de Soi  (essentialisation), au point que tout changement de point de vue, d’avis, d’opinion revient à « se déjuger » (sic!)

b ) le risque majeur de chronicisation de ladite « vision du monde » , via des biais de confirmation et la scotomisation des items non conformes, peut enkyster la personne dans une posture invariante de type psychotique (cf. approche clinique: https://zeugma.pro/2020/10/clinique-des-integrismes/octobre-2020.html   , https://zeugma.pro/2016/08/radicalisation-structures-psychiques.html ) au point de définir son « caractère », son ontologie !

CONCLUSION:

Fatalité? Évidemment non, il est loisible, après avoir distancié et analysé l’ÉTHOS qui nous modélise et… celle que nous induisons, de ré-agir avec intelligence et générosité!

Dont acte, les ami.es!