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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 16:57
 ÉPIPHANIE* DU REFOULÉ**


 


 

* aucune connotation religieuse : du grec e)pifa/neia , « action de se montrer », « apparition soudaine », « ce qui apparaît à la surface » → « surface » (dictionnaire Bailly) …

** pour la bonne compréhension de ce billet, il est bon d’avoir assimilé :

- http://zeugma.pro/2018/11/trauma-maux-sans-mots/doisneau/chalon/16-11-2018.html

- http://zeugma.pro/2018/05/secrets-de-famille/fatales-fractales/irtess/28-05-2018.html

- https://data.over-blog-kiwi.com/0/96/21/69/20180404/ob_49de66_groupe-dynamite-copie.pdf


 


 


 

Les médias se (com)plaisent à narrer la surprise des voisins, après l’arrestation d’un criminel ou pré-jugé tel, comme si le passage à l’acte n’était précédé d’aucuns prodromes, d’aucuns « symptômes discrets ». Moins dramatiquement, nous avons tous en tête des éclatements de couples qui jusqu’alors donnaient une apparence « lisse », exempte d’aspérités et de conflit.


 

Le propos est ici de rappeler sommairement les étapes du refoulé, du silence à l’épiphanie, en passant par la censure, le déni et la scotomisation (→ suppression totale du passé, comme une amnésie… croit-on!).

Les étapes sont analogues pour l’individu, le groupe (et le pays ? Quelques historiens et sociologues expliquent les crises sociales et les révoltes comme « retour du refoulé... ») , ici sera prise en compte la vie du groupe restreint, telle qu’analysée dans une bonne centaine d’équipes (groupes-classes, groupes de travail, professionnels de santé, étudiants, sportifs, musiciens, familles…) ,approchées soit en thérapie, soit en « Dynamique de groupe », soit en « A.P.P. » (analyse de la pratique professionnelle) ou « supervision ».

Certes, en sciences humaines, les observations sont « gaussiennes », le « 100 % » n’existe pas, pourtant le schème qui suit est constant. (→ « schème anthropologique » ? la réponse est encore floue...)


 


 

A) Choc initial

Il s’agit, classiquement, de blessures narcissiques ; les critiques sont entendues comme des rebuffades, les ordres comme une sujétion, les cadres réglementaires comme des atteintes à la liberté individuelles, les Institutions comme « le Grand Autre «  castrateur, l’objectivité comme  un manque de reconnaissance .

C’est l’individu qui, à l’aune de « son » seuil de tolérance  (induit par l’éducation et les « modèles » parentaux qui l’ont nourri ; cf.https://www.youtube.com/watch?v=DI8AcTZOYOU ) , est impacté et réagit : même feutrés, des signifiants comportementauxapparaissent, dans une stratégie de « défense du moi » plus ou moins discrète. L’observateur attentif peut repérer les discontinusdans les postures corporelles (soudain hyper ou hypo-toniques), les respirations (le malaise pousse à une « respiration haute ») et autres figures de mécontentement  (cf. « Roue des émotions » et « tableau des émotions », en Annexe)

Notons que la blessure est d’autant plus douloureuse qu’elle fait écho à des blessures archaïques analogues.


 

B) Refoulement


 

L’éducation, la discipline, l’exigence de cohérence (pour éviter le chaos, l’éclatement du groupe, l’effondrement du Moi, l’absence d’étayages) et… le rapport de force amènent le groupe à « taire » l’expression des mécontentements ; de plus, en début de formation, un groupe a tendance à multiplier narcissiquement les « positions de défense maniaque » et « hystériques » et à délaisser les positions « persécutives » et « dépressives » (l’ « entropie » n’a pas encore érodé l’énergie globale du groupe)


 


 

C) Prodromes discrets

- Quelques réactions « caractérielles » se font jour, dans un premier temps associées à telle ou telle personne : les réactions et critiques sont « personnalisées » (→ « X » se plaint tout le temps », « Y » est une râleuse », etc.) ; ces personnes sont soit marginalisées, soit considérées comme des « lanceurs d’alerte » , et se manifestent par des postures spécifiques (replis renfrognés, éclats coléreux transgressifs ou discours para-doxaux)


 

- Puis ces éléments éparpillés se structurent en « discours organisés », voire en « saga groupale » , fustigeant de nombreux acteurs dans une « position persécutive » généralisée : les dysfonctionnements sont imputés aux autres (individus, chefs, Direction), dans des attaques multi-directionnelles et une quérulence de plus en plus systématiques. 

D) Déni consensuel

Puis le groupe, sollicité par un professionnel pour séparer « les faits objectifs » des « discours et des humeurs »,

- se restructure par un « consensus » qui lisse les conflits internes (« tout va bien ! »),

- se centre et se rassure sur une point technique peu conflictuel, peu impliquant ,

- rejette la Faute (« causa primitiva activa », « cause première active ») sur Un Grand Autre, la hiérarchie, les cadres, la Direction -et, pour un grand groupe, le gouvernement, les Illuminati, le complot mondial, etc...)


 

Dans cette phase, tout comme un.e patient.e en thérapie, le groupe résiste en général habilement à l’analyse (« plus la peine de fouiller », « inutile de remuer le Passé » , « on se débrouille », « le groupe va se lasser » ), voire… la stoppe (absences, mutismes, mauvaise humeur affichée, etc...)


 

E) Épiphanie

1) Si le groupe (tout comme le.la patient.e) réussit à stopper l’analyse (étymologie : dénouer en remontant!) , le calme va durer… jusqu’à ce que des symptômes majeurs explosent : crise de colère, dépressions, burn out, maladresses, accidents, maltraitances, passages à l’acte…


 

2) Si le groupe (tout comme le.la patient.e) accepte l’analyse et

- verbalise les griefs,

- clive effectivement « faits » et « humeurs »

- solde les « faits » par des modifications de protocole, d’organigramme, de dispositifs, de méthode, d’us, de fonctionnement, de comportement, de rituels , etc.

- solde les humeurs et les rumeurs en crevant les abcès (« on s’explique et… on tourne la page »!)


 


 

alors le groupe ( tout comme le.la patient.e) peut gagner en dynamisme (et… en joie, soyons optimistes), sachant que l’économie psychique est lourdement grevée par la pérennité d’un refoulement, qui exige de se déplacer avec une lourde cuirasse


 


 

Ces étapes sont constantes, vous aurez remarqué qu’elles sont aussi, fort logiquement, la « trame » des grands Mythe, des textes sacrés, des productions théâtrales (tragédies, comédies..s) et cinématographiques, de romans ; on parle alors de « schéma narratif » , ici brièvement résumé:

- atmosphère « linéaire » (« Il était une fois, dans une contrée lointaine….. »)

- élément perturbateur  (« Soudain…. »)

- crise (« Alors… » ) : émergences des position, réorganisation chaotique des rapports de force

- résolution de la crise : retour au linéaire (« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ... »)


 


 

CONCLUSION (provisoire…)

Il serait opportun que les groupes, comme les individus, au lieu se se penser « singuliers », « particuliers », « spécifiques » (→ « Nous, ce n’est pas pareil »…), entendent leur évolutions et leurs péripéties comme une Histoire plurielle et universelle… Il feraient une belle économie de sueur, de larmes et… de sang.


 


 

Jean-Pierre Benat


 


 


 


 


 

Bombe (enterrée --> déterrée) de la 2ème guerre mondiale...

Bombe (enterrée --> déterrée) de la 2ème guerre mondiale...

ÉPIPHANIE DU REFOULÉ - 25-11-2020
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