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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 09:00

4) “éducatifs” (étude et pratique):


a) le geste agressif: étude “physique” (pivot, déséquilibre, élan, point d’appui, bras de levier, énergie cinétique etc...)

Il s'agit d'objectiver les gestuels, avec un double objectif:

- résister à l'affect en analysant le comportement de l'Autre ("stimulus-freinage")

- envisager plus sereinement le futur proche, pour réduire le temps de sidération

 Le travail a consisté essentiellement à étudier les conditions de mise en mouvement d'un individu se levant: repérage de ses appuis, des nécessaires mouvements de préparation du mouvement (action/réaction)


b) le geste d’esquive et de parade (idem)

Divers exercices ont permis :

- la mise en évidence que le geste initial (prétendu "naturel") face à l'agression était l'écho de scènes archaïques: pour des personnes à culture langagière, les seules références datent le plus souvent... de leur école primaire!

- l'élaboration de gestuels plus adaptés, correspondant à la fois à l'efficacité pratique & à la nécessaire théâtralité - "dire la Loi" 

- "maîtriser" 

-  "contenir" 

- "rassurer" 

- "envelopper" 

-  ...



c) le geste de maîtrise (idem) individuel et collectif

Le geste prétendu "naturel" (archaïque, cf. supra) est souvent un geste violent qui agrippe, pince, empoigne, serre; une des participantes doit en garder le souvenir cuisant, lors d'une contention particulièrement vigoureuse, avant que ne soit suggérée une technique plus efficiente...

Les exercices ont permis d'élaborer des mouvements à la fois plus efficaces (empruntés au rugby) et  théâtralement plus appropriés (moins invasifs, et pouvant rappeler des gestes... maternants):

- prise avec la main ouverte: le "signal" est moins violent, la pression moins forte, le contrôle plus aisé

- "empaquetage" du patient: les soignants sont comme une "couverture" collée au violent, pour éviter les coups et contenir plus aisément.

Le temps trop court n'a pas permis de travailler plus avant l'impact psychologique d'une telle pratique (reconstitution d'un Moi-Peau pour le patient, ce qui témoigne d'un discontinu avec le scénario antérieur fondé sur l'incapacité à connaître ses "limites" -corporelles & éthiques-)



d) topologie et placement (travail sur les distances, les possibilités de mouvement, etc...)

La formation se terminait sur un exercice complexe: chaque groupe, disposé en cercle, était censé:

- avoir une qualité d'attention et d'écoute suffisante pour percevoir sans sidération le brusque déplacement agressif d'un des membres envers son vis-à-vis

- réagir collectivement pour arrêter le "forcené", sans induire une nouvelle violence ("empaquetage", "enrobage")

- contenir le "forcené" en signifiant la fin du "scénario" de violence ("C'est fini"!)

- revenir au calme et induire la calme.

Les groupes ont été d'une efficacité remarquable, les dernières simulations (et certains "forcenés" ne simulaient plus!) ont permis une intervention rapide (2m de déplacements, 3 secondes seulement)



e) l’insulte et ses parades

Ce thème (cf.II2b) n'a été qu'effleuré: il nécessiterait un temps plus long, et un travail en profondeur puisque impliquant la propre biographie des soignants (à chacun ses blessures, ses sutures, ses cicatrices...). A été maintes fois rappelée la précaution à séparer nettement, même si l'étanchéité totale est un leurre, les secteurs "Performatif" /  "Institutionnel" / "Affectif": la violence, l'agression sont le plus souvent projection sur la fonction, l'uniforme, le phénotype rappelant quelqu'un, etc...



III/ PROPOSITIONS



1) à court terme :


a) que soient toujours partie prenante TOUS les corps de personnels (Infirmières/ers, ASH, médecins, personnel administratif, agents...), au même titre que lors de formations contre l’incendie ou les plans ORSEC: la prise de décision rapide lors d’un incident exige que tous/toutes aient “joué” à des codes langagiers et corporels communs...


b) que la formation soit poursuivie, avec approfondissement 

- des concepts essentiels qui n'ont été que survolés: les questions des participants témoignent clairement d'un intérêt pour une analyse fouillée des mécanismes de violence (apports de la Mythologie, de l'Anthropologie, de l'Éthologie, de la Littérature...)

- des exercices corporels 


c) que les personnes à venir puissent se faire des représentations plus justes de la formation, et apporter plus rapidement LEUR histoire (adresse Intranet, cahier de doléance, etc...)


d) que des “exercices” (simulations d’agressions) soient expérimentées dans l’enceinte de l’Hôpital, avec analyse des réactions (“sidération”, (ré)actions,  canaux d’information, etc...), non pour culpabiliser, mais pour objectiver les réactions courantes et donner les moyens de les modifier (cf. exercices Incendie)




2)  à moyen terme:


a) qu’un lieu d’écoute soit mis en place (“supervision” spécifique, ou autre...):

- abréaction et réparation après chaque “incident”  (les cellules de crise des plans ORSEC prévoient ceci pour toutes les victimes, ce serait paradoxal que les soignants n’en bénéficient pas...)

- écoute et analyse de tous les “ressentis”, en EXCLUANT toute idée de jugement moral, de sanction administrative, qui inhibent rapidement toute parole et enferment chacun dans un silence douloureux et dévastateur


b) que ce lieu permette l’élaboration d’une “HISTOIRE” des incidents: récit et/ou mythologie nécessaire aux réparations et qui permette la transmission de cette “culture” aux plus jeunes



3) à long terme: mise en place d’un Bureau permanent assurant


a) la formation continue de tous les personnels & la mobilisation autour de la violence


b) les interventions ponctuelles et le suivi psychologique des personnels après un incident (accueil individuel spécifique & interventions dans les groupes et services)

c) l’élaboration de stratégies et de protocoles fins, en permettant aux plus expérimentés d’être entendus et pris en compte


d) le suivi d’une “Supervision” dans les conditions précisées supra


e) la mise en place d’un “historique” des incidents et d’une “bibliothèque” des solutions préconisées ici & ailleurs, assorties des nécessaires critiques  (“pôle de recherche”? le Vinatier serait novateur en la matière...)


f) formation des futurs responsables dudit Bureau...






IV/ BILAN PERSONNEL


1) J'ai eu infiniment de plaisir à travailler avec un groupe demandeur, curieux, efficace, chaleureux, séduisant,  disposant déjà d'un Savoir impressionnant: il "suffisait" d'organiser les savoirs en les étayant par des concepts opératoires cohérents et une pratique corporelle commune.


2) Une formation courte laisse toujours un goût d'imparfait, d'inachevé: je suis avide de savoir si les quelques approches ont pu infléchir les comportements...


3) Si c'était à refaire?


a) être plus intrusif: à force de répéter que "nous n'étions pas en stage de Dynamique de groupe",  j'ai sans doute trop "respecté" les défenses & étayages de certain(e)s


b) entendre plus tôt les demandes sur "la violence institutionnelle": sans doute séduit par les "défenses maniaques" enthousiastes, j'ai tardé à écouter les aspérités, les failles.


c) solliciter davantage le "passage à l'acte" -simulé!- pour les groupes qui inclinaient davantage pour du théorique, du conceptuel


d) persuader l'Institution qu'il faut des formations plus longues!...


NB LA CHOSE A ÉTÉ MISE EN OEUVRE!...








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