La conférence « TRAUMA » et le support publié supra ont suscité un certain nombre de questionnements. Ils s’articulent sur TROIS axes :
- la quérulence : n’est-ce pas paradoxal de demander que l’on « produise des signifiants » pour que les souffrances soient entendues -et traitées- , ET de critiquer les signifiants (plaintes & revendications) massifs, constants et redondants ?
- « Moi », « rôle » et « faux self » : comment « jouer » une posture professionnelle alors même que le « Moi » peut être blessé et/ou insubstantiel, au risque de s’enkyster dans un « faux self » ?
- la « posture jouée » est-elle efficace, au sens où elle serait « hypocrite » ? D’aucuns avancent que seule l’authenticité est efficace pour enseigner, soigner, convaincre et… persuader !
Quelques précisions sont donc nécessaires :
1) QUÉRULENCE & AVERSION DE LA PERTE
Définition (psychiatrie / psychologie) :Tendance pathologique à orienter tous les actes de sa vie vers la réparation d'un préjudice que la personne estime avoir subi. Elle se manifeste à la fois par des plaintes et des revendications.
Le risque est de s’enfermer dans cette posture :
- elle fournit un étayage ponctuel efficace, donne, à la manière d’un « discours Alpha » (Bion), un cohérence qui ordonne le flot de stimulus anarchiques liés à la multiplication des blessures : en ce sens, elle « désenclave » la personne des agressions. C’est donc un processus légitime !
- le dépassement de cette étape, comme toute MUE psychique, implique de RENONCER à cet étayage. Or l’ AVERSION DE LA PERTE (concept emprunté à la Théorie des Jeux) peut enkyster la personne dans cette posture, la pérenniser, d’autant plus qu’elle est, au moins un temps, narcissisante et donne un contour visible à une personnalité. La métaphore du homard ( F. DOLTO ) est pertinente, entre l’ancien étayage et le nouveau, la personne est extrêmement vulnérable, tel cet animal pendant sa mue…
- de plus, la « forme » de la plainte et de la revendication peut, dans l’effort d’être perçue, masquer « la » demande authentique, dans un fonctionnement hystérisé(déplacement / condensation / symbolisation) : la prise en compte par Autrui de ce corpus constant de demandes/revendications peut conforter ladite hystérisation et retarder d’autant l’émergence de la blessure initiale.
2) « MOI », « RÔLE », « FAUX SELF » :
les explications sont disponibles ici :
http://www.taneb.org/2017/05/personne/faux-self/position/posture/ousia/eidos.06-05-2017.html
et là :
http://www.taneb.org/2018/03/faux-self-quand-le-doux-leurre-devient-toxique.08-03-2018.html
3) EFFICACITÉ…
Le problème réside moins dans l’authenticité ou le caractère feint du message, mais dans l’ATMOSPHÈRE (l’ÉTHOS des Grecs, qui, dans la Tragédie, « code » le discours émotionnellement) : celle-ci (cf. la conférence…),
- bienveillante et chaleureuse, induit l’ouverture du cortex (amygdale → noyau accumbens → cortex + neurones-miroirs),
- anxiogène et stressante, induit la fermeture du cortex (amygdale → insula → inhibition du cortex + des neurones-miroirs
Or, chacun.e a pu le constater, il est loisible d’induire une atmosphère bienveillante même si nous sommes tristes et angoissés… (cf. La vie est belle, de Roberto Benigni...)