BRÉVIAIRE À L'USAGE DES PARENTS INQUIETS
D'ENFANT SANS « MOI » APPARENT
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Paroles de parents:
« Il -ou « elle »- n'a pas de Passion / Il ne sort pas de sa Playstation / Il ne participe pas aux discussions familiales / Il reste vautré / Il est triste / Il m'inquiète / Rien ne l'intéresse / Il n'est pas motivé / Il n'arrête pas de manger / Il refuse de manger / Il dort trop / Pourtant scolairement il est excellent / Il fait de la phobie scolaire / Il s'agite sans but / Il passe sans cesse d'une activité » à une autre …
Diagnostic assez vague: « dépressif », « mélancolique », voire « anorexie mentale / boulimie». Quelques très rares passages à l'acte (bris de matériel, scénario de suicide, prises de risque, colères violentes).
Une série d'entretiens bien menés permet assez aisément de poser un diagnostic précis et de mettre en oeuvre un travail thérapeutique rapide -au moins avant 15 ans- et efficace (sinon, changez de Psy! La boîte à outils des professionnels est riche, variée et approfondie).
Éléments d'analyse:
- l'enfant/pré-ado a du mal à grandir, à élaborer un « MOI » autonome (et perçu comme tel!):
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le comportement et le discours des adultes (% de mots et de jugements « négatifs » dans la famille comme dans les médias) brosse du monde adulte un portrait peu alléchant (souffrances, ennui, ressentiment, plaintes et critiques permanentes, contradictions Morale/actions, insultes et comportements incivils etc...: COMPORTEMENTS ANXIOGÈNES)
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un traumatisme bloque ponctuellement la maturation (angoisse du lendemain, incapacité de « faire le deuil », de se trouver des pratiques SYMBOLIQUES autonomes, peur de souffrir à nouveau, sentiment d'insécurité et d'arbitraire, ressentiment contre les adultes qui ont permis/favorisé le désastre)
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les adultes, et surtout les parents, ont un CONTRÔLE quasi absolu -ou... veulent l'avoir!- de l'enfant, se sentent dans l'obligation de « séduire », de proposer des activités, des liens, des complicités... alors qu'un PRÉ-ADO, pas encore adolescent mais déjà ex-enfant, se structure par un monde IMAGINAIRE dont il explore la LIBERTÉ dans le SECRET de sa rêverie -alors que l'adolescent expérimente des scénarios « SYMBOLIQUES » qu'il théâtralise dans le Réel.
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l'enfant est soumis à un « CONFLIT DE LOYAUTÉ », sommé de renvoyer à plusieurs adultes différents des « images » et des théâtralités contradictoires, qui pour lui sont autant de « FAUX-SELFS » (N.B.: Un adulte peut se prêter à des « faux selfs », dans l'exercice social de la politesse et des rapports usuels, à condition qu'il ait un « MOI » structuré, identifié et sécure... un enfant, un pré-ado et un ado en sont difficilement capables, le « MOI » peu étayé a tendance à être dilué dans les « faux-self » )
- l'enfant/pré-ado , sommé d'être par des injonctions souvent perverses (« Fais moi plaisir, fais ceci... / Tu me déçois beaucoup...») ET blessé de toute part, met en oeuvre -ce qui est un signe de SANTÉ!- un système de « PARE-EXCITATION »: sont feutrés à la fois les blessures ET aussi, ce qui choque les adultes, les contentements: mieux vaut pour lui une tour d'ivoire presque atone que le risque d'un déferlement de souffrances. D'où un comportement parfois indolent, apathique (hypersomnie), ou au contraire affairé MAIS ARTIFICIEL.
Suggestions:
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CONSULTER: il s'agit de créer un espace de paroles « PRIVÉ », sans que l'enfant se sente « sommé d'être »: d'ailleurs dans les premiers entretiens on sent bien que le patient essaye plusieurs manières d'être un « bon patient », ou au contraire un « patient exécrable », avant qu'il ne trouve SON ton « juste » , « à lui », qui le signe. Il importe que le professionnel dise clairement que les paroles ne seront répétées aux parents qu'avec l'aval nettement pensé et résolu du jeune patient.
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Lâcher du lest, autant que faire se peut, dans les exigences qui « somment l'enfant d'être un bon performant », surtout si les demandes parentales sont l'expression implicite -parfois explicite!- d'un chantage affectif. Les « faux-selfs » élaborés à force de pression, de chantage produisent de belles mécaniques qui s'enrayent plus tard en anorexies, en dépressions chroniques, voire en psychoses...
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Aimer explicitement LA PERSONNE et non LES PERFORMANCES
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Laisser des espaces et des temps « LIBRES »: il y a des espaces et des temps pour le « contrôle » et l'entraînement ET des espaces-temps pour l'AUTONOMIE; les adolescents, plus tard, auront une formule frappante : « Lâche moi la grappe », avatar du « Fous moi la paix » des années passées.
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Assurer une atmosphère SÉCURE : de la fiabilité, une cohérence visible entre discours et comportement, des « fins de crise » nettes (« L'incident est clos »)
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Narcissiser l'enfant/pré-ado sur ce qu'il est sur des qualités de l'ÊTRE (en non des Performances, dont on sait très vite qu'elles sont volatiles...)
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Être très présent quand il le faut, même brièvement, et... s'éclipser dès que 'enfant est sécure.
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SURTOUT, NE PAS VOULOIR TOUT RÉGLER!!!!!!!! UN PARENT, ONTOLOGIQUEMENT A TORT.....
BON COURAGE
Jean-Pierre BÉNAT